samedi 11 avril 2015

Charlie Hebdo, le Kenya et les médias : «On s'intéresse toujours plus au meurtre de son voisin»

INTERVIEW - Nike Tn De nombreux internautes se sont indignés d'une «indifférence médiatique» au sujet du massacre de Garissa, au Kenya, par rapport à d'autres évenements comme les attentats de Charlie Hebdo. Un «deux poids deux mesures» décrypté par l'historien des médias Christian Delporte.
LE FIGARO - Pendant que les projecteurs étaient braqués sur les 17 victimes des attentats de Paris, il n'y avait aucun journaliste pour couvrir les 2000 morts de Boko Haram au Nigéria. Les 150 morts du Crash de Germanwings ont mobilisé non-stop les rédactions, tandis que les 148 victimes du massacre de Garissa, au Kenya, n'ont suscité aucune édition spéciale. Comment expliquer ce «deux poids deux mesures»?
Christian DELPORTE* - Nike TN Requin Deux raisons expliquent un tel décalage. La première est matérielle. On ne fait de l'information qu'à condition d'en avoir, et, en l'occurrence, il y a très peu - et de moins en moins - de correspondants en Afrique. Les treize bureaux de l'AFP sur ce continent sont concentrés en Afrique occidentale et au Maghreb et il n'y en a que trois en Afrique anglophone.
La deuxième raison est psychologique: c'est la loi du mort-kilomètre bien connue de tous les journalistes. L'intérêt d'un sujet croit en fonction de sa proximité géographique, temporelle, sociétale. On s'intéressera toujours plus au meurtre de son voisin de palier qu'à un massacre à l'autre bout du monde, au présent qu'au futur, à l'argent et aux enfants qu'au grandes problématiques géopolitiques.
Est-ce un phénomène récent?
Non, cela a toujours existé. En 2000, le psychologue Jacques-Philippe Leyens démontrait dans une célèbre expérience cette loi inoxydable du mort-kilomètre. Il a fait lire à un groupe de tn pas cher volontaires belges deux articles exactement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire